Pour le royaume d’Aragon, les sources sont plus localisées et se composent surtout, outre les documents notariés, de terriers de seigneuries (capbreus). Paris profite de cette nouvelle effervescence et devient une capitale culturelle européenne. Duby Georges et Wallon Armand (dir. Les possibilités d’ascension et de déclin social dépendent en effet à la fois de la conjoncture générale et de la position de chaque individu sur l’échelle sociale. [...], [...] L'artisan réclame une somme d'argent en échange. Goubert Pierre, Les paysans français au xviie, Paris, Hachette, coll. - Située à la campagne, au calme, vous serez séduis par cette propriété chargée d'histoire. Ceci signifie qu’un nombre non négligeable de paysans ne sont pas propriétaires mais locataires de la terre qu’ils exploitent. Les concessions avec une durée déterminée (for life) se divisent en tenure of grantee (pour la durée de la vie du tenancier) et pur aûtre vie (la vie du tenancier, de sa femme et de ses héritiers). Pensée par des étudiants, la plateforme Pimido utilise des outils de détection anti-plagiat pointus, permettant l'analyse et l'optimisation de contenu rédigé par des étudiants ou des professionnels. En cliquant sur OK, vous acceptez que Pimido.com utilise des cookies ou une technologie équivalente pour stocker et/ou accéder à des informations sur votre appareil. 25Pour terminer, il faut nous interroger sur le mode d’exploitation des grands domaines des élites de la Manche au xviie siècle : pourquoi une si large proportion d’entre eux font valoir par eux-mêmes au lien de donner leurs terres à ferme ? Vivre à Paris au XVIIe siècle implique un bon sens de l’orientation car seules quelques rues affichent leur nom gravé dans la pierre. Au début du xviie siècle la Couronne essaya de profiter de droits qui existaient encore : le droit de garde (droit du roi de disposer des revenus des terres d’un freeholder qui décède alors que ses héritiers ne sont pas majeurs) et la prise en compte des demandes des freeholders riches qui voulaient devenir chevaliers. cit., p. 184-185. Sur les pièces d'Ancien Régime, il n'y a pas de valeur écrite. Les rois continuent d'embellir la ville mais ils commencent à se Le statut de fee simple donne la totalité de la propriété ; celui de fee tail fait quelques restrictions sur la transmission par héritage (la transmission sans payer de droit ne se fait qu’en ligne directe). Ceci induit l’idée – partiellement juste mais aussi un peu trop réductrice – d’un monde homogène, différent du reste de la société. À la fin du xviie siècle, le terme de yeoman change de sens et disparaît ; c’est l’ère du farmer qui peut être propriétaire en même temps qu’il loue des champs d’un grand (ou petit) propriétaire. De plus, les évêques ont poussé les curés à enregistrer l'enfant dans les 24 heures. 57Les cottagers se situent à la frontière entre exploitants et travailleurs agricoles. On l’imagine souvent ainsi. Les petits propriétaires cherchent à valoriser leur lopin par une culture intensive (vigne, par exemple) alors que ceux qui peuvent espérer vivre sur leur bien privilégient les céréales. Ceci était rendu possible par le fait que la loi coutumière n’était pas très explicite sur la question de la transmission par héritage des biens tenus en copyhold. ), La Terre et les Hommes : France et Grande-Bretagne (xviie-xviiie siècle), Paris, Hachette, coll. C’est à cette diversité que nous nous intéresserons d’abord avant de présenter une division de la société rurale – qui n’embrassera pas l’ensemble de la péninsule, tâche impossible en si peu d’espace –, mais s’appuiera sur quelques exemples mieux connus, puis de conclure sur l’évolution de ces sociétés au cours du xviie siècle. Socialement on y rencontre de petits agriculteurs indépendants mais à faibles revenus. 5 Brumont Francis, Paysans de Vieille-Castille aux xvie et xviie siècles, Madrid, 1993, 502 p., voir p. 190. Ce mouvement n’est pas propre à notre période et E. Le Roy Ladurie avait pu mettre en lumière de tels phénomènes, qu’il attribuait essentiellement à la croissance démographique qui entraînait le morcellement des propriétés, pour le Languedoc du xvie siècle22. Le siècle des Lumières tire son nom de la volonté d’un nouveau courant philosophique européen de combattre l’ignorance, les préjugés, l’intolérance par la diffusion du savoir. Ils peuvent marier leurs filles à la gentry locale qu’ils fréquentent. 39De l’héritage médiéval, subsiste dans l’Angleterre du xviie siècle la division entre tenures libres et tenures non libres24. Mais ce travail étant le plus souvent temporaire et intermittent, ces individus ont également un moyen de subsistance lié directement à la culture de la terre : maison et jardin, une ou deux parcelles, des droits dans les communaux là où il y en a. Ces remarques faites, on peut élaborer une typologie générale pour la société rurale. ), Señores y campesinos en la península ibérica. Vous pouvez paramétrer vos choix pour accepter les cookies ou non. La qualité de freeholder semble avoir une valeur indépendamment de son contenu économique. 59Les farm servants (= domestiques) sont les hommes, femmes et enfants vivant à plein temps sur une ferme ; ils ont un faible salaire qui leur est en partie versé en nature. 21La possession de terres étendues, plus de 250 ha en moyenne, et de troupeaux importants caractérise ce groupe, mais il faut bien distinguer entre ceux qui vivent comme des rentiers et ceux qui pratiquent le faire-valoir direct, avec l’aide de domestiques et de journaliers. 58Les labourers (ne surtout pas confondre avec ce que l’historiographie rurale française appelle « laboureurs », ce sont des journaliers qui correspondent assez bien à la définition qu’en donne Vauban en France) sont des travailleurs salariés payés à la journée ou à la semaine ; ils vivent à la limite de la pauvreté et doivent parfois bénéficier de la Pour Tax (voir chapitre sur les pauvres). La mortalité enfantine est certes plus importante dans les couches modestes de la population, mais ce n'est pas un facteur si déterminant que cela. Goubert Pierre, L’Ancien Régime ; t.I : La Société, Paris, A. Colin, 1969, 232 p. ; rééd. The Transformation of the Agrarian Economy, 1500-1850, Cambridge, CUP, « Cambridge Studies in Historical Geography, 23 », 1996, xiv-258 p. Ruggiu François-Joseph, L’Angleterre des Tudors et des premiers Stuarts, 1509-1660, Paris, SEDES, 192 p. Scott William, The Peasantries of Europe, from the Fourteenth to the Eighteenth Centuries, Londres/New York, Longman, 1998, 416 p. Wrightson Keit, English society, 1580-1680, New Brunswick, Rutgers University Press, 1992, 1246 p. Barbazza Marie-Catherine, La Société paysanne en Nouvelle-Castille. (Eds.). Ils ont donné lieu à une étude importante, centrée sur leur recul au xviiie siècle30, mais qui peut être utilisée pour les présenter au siècle précédent. Plus souvent, ces laboureurs moyens ont une exploitation plus équilibrée, combinant élevage, culture céréalière et viticole et quelques activités annexes, comme le commerce des denrées agricoles, le prêt d’argent ou de denrées, le transport. Ce sont enfin des questions d’évolution, particulièrement sensibles dans le cas de l’Angleterre qui connaît une croissance rapide dès le xviie siècle et une évolution du statut de la terre. Tous ces changements ne pouvaient passer inaperçus aux yeux des contemporains. Enfin, dans les fermes du Bassin parisien, il existe aussi un contingent de domestiques plus âgés qui ont des activités spécialisées (charretier et berger) et sont bien rémunérés. 4Que l’Espagne soit diversité, nul ne peut le nier2 ; les variations géographiques du seuil d’indépendance en sont le premier indicateur (il s’agit de la superficie théoriquement nécessaire pour faire vivre une famille paysanne en année normale). Après avoir rapidement étudié la condition féminine et fait ou refait connaissance avec quelques femmes de lettres dans lhistoire, au Moyen Âge et à la renaissance, penchons nous sur les femmes au XVIIe siècle Et avec le XVIIe siècle, le début du « siècle des lumières », le règne de Louis XIV après celui de Louis XIII, dHenri IV, des fils de Catherine de Médicis et de Catherine de Médicis elle-même (femme dHenri II) dont nous nétudiero… Quelques copyholders peuvent transmettre la terre comme ils le veulent et ont des entry fines et des heriots (mainmorte) fixes ; par contre, sur d’autres seigneuries, les entry fines sont arbitraires, les droits augmentent et les tenanciers n’ont pas le droit de nommer leurs successeurs. C’est clair que vivre à la campagne présente de nombreuses difficultés d’organisation et d’adaptation, surtout pour des personnes n’ayant connu que la ville. Certains copyholds sont soumis à un important droit d’entrée, à la volonté du seigneur, certains autres sont soumis à un droit d’entrée fixe. La vie des campagnes au xvii e siècle », dans : , La France au XVII e siècle. 36 Lemarchand Guy, La Fin du féodalisme dans le pays de Caux. Il existe trois grands types de copyhold en Angleterre au xviie siècle : les copyholds of inheritance (ceux qui se transmettent par héritage) dominent dans l’est du pays ; les copyholds for live (pour la durée d’une vie) sont nombreux dans l’Ouest et le Sud-Ouest ; les tenant rights sont les plus communs dans le Nord et le Nord-Ouest. « La vie quotidienne », 296 p. Pour toutes les études « régionales » sur la société rurale française, se reporter à Moriceau Jean-Marc, La Terre et les Paysans en France et en Grande-Bretagne aux xviie et xviiie siècles. à temps complet ou bien exerce-t-il une autre profession, artisanale par exemple ? "Discours des États de France", Guy Coquille (1588) : les États Généraux sont-ils une entrave à la souveraineté royale ? S’il y a incontestablement des agriculteurs aisés et même riches dans toutes les régions, il serait faux de transporter partout ce modèle qui semble s’estomper assez vite. Ceci semble vrai pour les vignobles de l’Île-de-France mais pas pour ceux du Sud (Languedoc) ou du Lyonnais où la propriété des vignes échappe aux paysans qui les prennent en bail à mi-fruit. Des échanges de travail se pratiquent entre les paysans moyens et les riches (labours). [...], [...] La jeunesse est presque toujours organisée en abbaye de jeunesse. 252 m² et 90 m², plus de 800 m² de dépendances sur une parcelle de plus de 3.5 Ha. On peut énumérer les plus importants : la quantité de terre exploitée et/ou possédée, la possession d’un capital d’exploitation (la terre, la charrue et la charrette, l’attelage), le niveau d’insertion dans les circuits d’échange… On peut aussi penser à des critères autres qu’économiques et sociaux : participation au pouvoir (rôle dans la communauté rurale), niveau d’alphabétisation… Il faut également prendre en compte des critères plus individuels, tels ceux du cycle de vie et du cycle familial qui font apparaître que, pour chaque individu, la richesse est aussi liée à l’âge (les plus jeunes et les plus vieux ont une accumulation foncière et mobilière bien inférieure à celle des adultes entre 40 et 50 ou 60 ans). Il est certain que la mise en valeur de ces biens varie avec la résidence ou le statut social : les citadins, qu’ils soient artisans ou qu’ils appartiennent à des groupes sociaux plus huppés, recherchent les cultures spéculatives destinées au marché. Second point qui rapproche l’Angleterre des deux autres pays : le seigneur (the lord of the manor) joue un rôle important dans l’organisation de la vie rurale au moins au début de l’époque moderne (monopoles seigneuriaux, justice, police des champs) ; ceci est évoqué dans le chapitre sur les cadres de la société rurale. Vous pourrez également modifier vos préférences à tout moment en cliquant sur le lien "Paramètres des cookies" en bas de page de ce site. C’est la Tierra de Campos qui devra alors se charger de nourrir la capitale : au xviiie siècle, la production de blé y augmente beaucoup plus vite que la population, répondant une fois encore aux incitations du marché. La figure du grand fermier n’est donc pas absente de cette région ; elle est plus rare en Vieille-Castille où les grands domaines, surtout ecclésiastiques, sont rarement d’un seul tenant et où les terres sont affermées par petits lots. 11Quoi qu’il en soit, il n’est pas possible de considérer le monde paysan comme une entité ; entrons maintenant un peu plus avant dans le détail de ces inégalités. Ils constituent entre le tiers et la moitié de la main-d’œuvre agricole, ce qui est vraisemblablement plus important qu’en France. Puissance de l'État, contrôle de la société, sous la direction de Bély Lucien. Le meilleur exemple de cette attitude est peut-être celui de don Gonzalo Muñoz Treviño de Loaisa, regidor perpétuel de Ciudad Real, mort en 1670, dont la propriété ne dépassait pas 180 ha qu’il cultivait avec 80 paires de bœufs et 3 de mules, mais qui avait privilégié l’élevage. les mêmes intérêts ? Un chiffre tout à fait semblable peut être obtenu à partir d’un échantillon plus large, regroupant une dizaine de localités et plus de 6300 feux : 17 % de ces chefs de famille disposent de deux animaux de trait ou plus. Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, Chapitre V. Les sociétés portuaires et les systèmes atlantiques, Prés, prairies et pâturage dans les systèmes agraires de la France de l’ouest à l’époque moderne, Cycles culturaux, usages et appropriation de l’espace rural (France, fin du Moyen Âge-Époque moderne), Clergé anglais, agriculture et société rurale (, Chapitre XVII. Le phénomène de polarisation se poursuit tout au long des xviie et xviiie siècles ; on a pu ainsi parler de « l’aristocratie des mas », des paysans qui, comme leurs homologues basques, s’intitulent « paysan, seigneur et propriétaire du mas de… ». Leur situation dépend de la coutume manoriale. Que le seigneur n’ait plus fait de tentatives pour contourner ces dispositions vient de ce qu’il pouvait percevoir un droit en argent au moment du changement de propriétaire. Naître, vivre et mourir en France au XVIIe siècle, LAmérique dans les têtes : un siècle de fascination et daversion, de D. Lacorne, J. Rupnik et M. F. Toinet, 1986, Quels présupposés théologiques pour la philosophie de lhistoire ? Mais il y avait d’autres moyens. De la même façon, les tournois n’existent plus, ils ont été interdit par Catherine de Médicis au XVI ème siècle suite à la mort du roi Henri II lors de l’un d’entre eux. Ils constituent à la fois un itinéraire de recherche et l'exploration minutieuse d'une région : la Touraine des xviie et xviiie siècles. ), Historia de España Menéndez Pidal, t. XXIII : La Crisis del siglo xvii. Naître, vivre et mourir en France au XVIIe siècle Naître et être jeune 1.1 ) La naissance A cette époque les conditions de l'accouchement étaient très délicates. 15Les journaliers recevaient aussi une rémunération mixte, notamment les moissonneurs qui, outre une quantité d’argent, recevaient de quoi se nourrir : blé, vin, mouton, fromage, huile, légumes, etc., nourriture qui était préparée par les femmes qui accompagnaient les équipes de moissonneurs. 54Les yeomen constituent au xviie siècle la part la plus importante de la société rurale. L’originalité de ces structures sociales c’est l’existence d’une catégorie moyenne de paysans (les closiers ou les bordagers) et son importance numérique. Une autre histoire sociale, Paris, Albin Michel, 1995, p. 13. cit. Commande ton devoir, sur mesure ! De 1815 à 1852, la vie agricole est dominée par la tradition, sous le signe du surpeuplement et de la misère, avec des progrès en fin de période; la période de 1852 à 1880 est synonyme dapogée des campagnes, temps de progrès techniques, de réels changements et de prospérité. Il contrôle l’emploi de nombreux journaliers, il est actif sur les marchés et il paie en général une part importante de l’impôt de sa paroisse. La grande exploitation utilise beaucoup de salariés (pour moisson, fenaison, moisson, battage en grange) alors que la petite et moyenne exploitation travaille essentiellement avec la main-d’œuvre familiale et un ou deux domestiques. Les études les plus récentes tendent à montrer que les tenures en copyhold ont résisté plus longtemps que les auteurs anglais avaient eu tendance à l’affirmer précédemment et que, au xviiie siècle encore, au xviie siècle a fortiori, il ne faut pas les considérer comme une catégorie en voie d’extinction. Conjoncture économique et démographique et structure sociale dans une région de grande culture de la crise du xviie siècle à la stabilisation de la Révolution (1640-1795), Paris, CTHS, 1989, 664 p. 37 Molinier Alain, Stagnations et Croissance. On a déjà évoqué la Plaine de France étudiée par Jean-Marc Moriceau, on peut aussi citer le cas de l’Île-de-France étudié par Jean Jacquart pour le xviie siècle45. L’évolution de la situation foncière (diminution du nombre des propriétaires-exploitants et des superficies qu’ils cultivent, déclin de la moyenne propriété) leur est cependant défavorable. 1715 correspond à la fin d’une époque, le peuple est soulagé que leur despote soit mort. 37On ne parle pas en Angleterre de seigneurie mais de manoir (manor). 26Le xviie siècle est marqué par de profonds changements sociaux qui affectent aussi les campagnes et qui sont, au moins en partie, les conséquences des périodes de crise qu’a connu ce siècle. Avec de tels niveaux de population, en Vieille-Castille et encore plus sur la côte cantabrique, nous aurions affaire à de véritables villes ; cela signifie que la division du travail n’est pas très poussée dans la Manche, l’artisanat étant réduit au nécessaire, sauf en cas de spécialisation (le textile à Ciudad Real, les gants de cuir à Ocaña). pouvoir. Au cours du siècle, le statut des terres non libres a eu tendance à se rapprocher de celui des terres libres, et ce de deux manières. Mais à quoi bon avoir une charrue si on ne peut acheter et surtout nourrir les animaux, bœufs ou chevaux, susceptibles de la tirer ? Consulte tous nos documents en illimité ! bettelvogt Aidt Einwohner Hintersässen ... Mais il n’y a pas que des bourgeois à vivre dans une ville, il y a les anciens qui ne sont plus en état de travailler, ... que ce soit dans la ville, dans la campagne, en montagne ou dans les vallées. 1La France du XVIIe siècle reste profondément rurale ; on estime à plus de 85 % la part de la population qui vit à la campagne.Plus encore qu’en ville, la paroisse en constitue le cadre de vie, non seulement religieux et administratif mais tout simplement social. 18 Barbazza Marie-Catherine, La Société paysanne en Nouvelle-Castille. Inversement il existe dans cette société un nombre considérable de ruraux que les crises du xviie siècle ont plongé dans une profonde pauvreté, vignerons, ouvriers agricoles, petits artisans. Mais on le retrouve dans les régions de grande propriété, comme à Salamanque où les fermiers (granjeros) louent des domaines d’un seul tenant, souvent d’anciens villages dépeuplés et voués à l’élevage19 ou en Andalousie occidentale où des exploitations, d’un seul tenant, appelées cortijos, couvrent de 180 à 300 ha20. Les paysans, du moins une petite partie d’entre eux, deviennent propriétaires de partie de la mouvance (les freeholders), les seigneurs en récupèrent une grande part et la louent avec des baux à temps. Mais il faut avoir présent à l’esprit qu’il ne s’agit là que de généralisations et que les différences régionales sont importantes. 71Les historiens ont assez systématiquement fait du « laboureur » d’Ancien Régime un agriculteur aisé. 62Dans les villages de champs ouverts, l’ensemble fait d’une tenure en copyhold et de droits dans les commons constituait une forme de propriété qui pouvait être achetée et vendue et qui fut souvent renforcé. On est donc dans une situation de propriété partagée dans laquelle on ne peut raisonner à partir de l’opposition entre posséder/ne pas posséder mais où il faut imaginer toute une série de niveaux de propriété différents, des plus complets aux plus ténus sur les domaines et les fiefs. Au bas de l’échelle, devraient se trouver mendiants et veuves pauvres qui n’apparaissent pas dans les inventaires et, guère mieux lotis, quelques artisans que l’on rencontre ici ou là, mais nous savons qu’ils sont peu nombreux dans la Manche ; les rares qui apparaissent dans les inventaires peuvent posséder quelques biens, une maison, un jardin, de la vigne, quelques terres (rarement plus d’une dizaine d’hectares) et quelques animaux. Ce sont les brassiers et journaliers de Tourraine, les journaliers du Maine, les bêcheurs et hommes de peine de l’Anjou… Ce sont aussi de très nombreux salariés plus ou moins spécialisés que l’on rencontre en pays de grande culture, hommes à tout faire mais aussi charretiers et bergers. 19 Robledo Ricardo, « El ascenso de una burguesía agraria : los “granjeros”. 22C’est pour cela qu’ils disposent de nombreuses bêtes de labour, quoi-qu’en quantité insuffisante pour cultiver de telles superficies, puisque 32 d’entre eux seulement disposent de 3 paires d’animaux et plus. être bourgeois à Rouffach au 17ème siècle 0 . La classification de Gregory King perpétue cette tradition ; il en ira de même pour celle de Joseph Massie (1759) et celle de Patrick Colquhoum (1803). Nous sommes seulement sûrs que la sous-location de copyholds de même que la location de terre en freehold étaient très répandues au xviie siècle. Il n'y a pas d'obligation scolaire donc la plupart des enfants arrêtent d'aller à l'école vers 8 ans pour travailler avec les parents ( un enfant gagne la moitié du salaire d'un adulte Il existe aussi le cas des enfants mis en nourrice à la campagne. L’étude s’appuie sur plus de 1 100 inventaires de biens, datant pour la plupart du xviie siècle et résumés de façon très détaillée dans l’appendice II (p. 677-727). 72Ce laboureur peut être propriétaire foncier. Un modelo de sociedad rural leonesa (Los hombres, los recursos y los comportamientos sociales), León, Université, 1987, p. 349. En mixant tout cela, les historiens du monde rural ont construit des catégories permettant de « classer » tous ces paysans. Analyse basée sur les oeuvres de Karl Löwith, Blumenberg et Jean-Claude Monod. Le teston est une pièce en argent. La généralisation des enclosures et donc la disparition progressive des communaux et des pratiques collectives entraîna d’importants changements au sein de ces populations. Évoquons rapidement d’abord les points semblables. Les registres de catholicité témoignent de cette détresse des pauvres et de cette polarisation de la société. », Bennassar Bartolomé (dir. 78On observe que les statuts sociaux ne peuvent s’analyser indépendamment du système social duquel ils sont partie prenante. 21 López-Salazar J., « Una empresa agraria capitalista en la Castilla del xvii : la hacienda de d. Gonzalo Muñoz Treviño de Loaisa », Hispania, n° 148, 1981, p. 355-407. 42Quoi qu’il en soit, dès le début du xviie siècle, la plupart des tenures coutumières (unfree tenures) qui n’étaient pas « à la volonté du seigneur » pouvaient être achetées et vendues par les paysans mais aussi par des marchands et même par des membres de la noblesse et de la gentry. Afin d’échapper à la misère, de nombreux paysans quittent la campagne pour aller travailler en ville. Mais la réalité est quelque peu différente. Révoltes urbaines, révoltes rurales, Chapitre VII. Celles-ci sont rares pour notre période, elles se limitent souvent aux inventaires après décès ou aux partages d’héritages existant dans les registres notariés, mais elles sont abondantes pour le xvie siècle et surtout pour le xviiie où le Cadastre du marquis de la Ensenada, datant de 1752 couvre l’ensemble du royaume de Castille (à l’exception des provinces basques) ; nous devrons y recourir pour une approche globale. 70C’est à partir de cette constatation qu’il a élaboré la notion de dépendance des paysans35 en définissant deux seuils essentiels. Ce sont les tenures chevaleresques (tenures in chivalry) dont le tenancier est un chevalier (knight) qui doit fournir un certain nombre de cavaliers pour combattre aux côtés du roi, et les tenures paysannes (socage tenures) qui impliquent à l’origine une grande variété de services tels que travailler sur les terres du seigneur supérieur. 55Le terme de husbandmen désigne tous ceux qui sont moins riches que les yeomen. cit., p. 184-185. Dans la région toulousaine38, il désigne toute une catégorie particulière de brassiers (= journaliers) dont la spécialité est de labourer. 10 « Una simplicidad engañosa », c’est le titre du chapitre consacré aux groupes sociaux dans l’étude de Francisco García González consacrée à une zone de montagne de la Manche orientale : Las estrategias de la diferencia. Ajoutons qu’ils pratiquent une forte endogamie sociale et locale, quand le village n’est pas trop peu peuplé, nouant souvent des alliances avec les mêmes familles18. Mais parce que les archives des manor courts nous disent qui étaient les copyholders mais non qui cultivait la terre, les historiens ne savent pas précisément la taille réelle des exploitations dans les villages de copyholders. Partout l’inégalité règne ; parler de paysan ne signifie pas grand chose, si ce n’est de désigner quelqu’un qui travaille la terre. Pour la Vieille-Castille qui nous servira de point de comparaison, cette baisse est brutale : la population diminue d’environ 40 % entre la fin des années 1580 et 1640 et par la suite, reprises et rechutes se succèdent, si bien qu’à la fin du siècle le niveau de la population est généralement inférieur à ce qu’il était vers 158023. xvi-xvii), Ciudad Real, Instituto de Estudios Manchegos, 1986, 744 p. Saavedra Pegerto, Economía, política y sociedad en Galicia : la provincia de Mondoñedo, 1480-1830, Saint-Jacques-de-Compostelle, Xunta de Galicia, 1985, 700 p. Serra Eva, Pagesos y senyors a la Catalunya del segle xvii. Dans le royaume de Castille régnait le partage entre héritiers, le retour de la dot et du douaire augmentés de la moitié des acquêts aux épouses et à leurs héritiers, si bien que le risque de morcellement était grand, malgré l’exclusion des enfants dotés. 82On observe donc que la classification générale que l’on peut faire de la société rurale française ne prend vraiment de sens qu’à la condition de regarder la société comme un système (la part relative des différents groupes, qui est variable selon les régions) et aussi de prendre en compte la notion d’évolution au cours de la vie d’un même individu. De plus, il est évolutif, ce qui n’est pas sans conséquence sur la distribution des statuts sociaux de la paysannerie. Dans les trois pays, le paysan est rarement propriétaire de la terre, il la tient plutôt qu’il la possède. Siglos xv al xix, Madrid, 1984, p. 111. ), Histoire de la France rurale, Paris, Seuil, 1975-1976, 4 tomes (éd. D'abord, il faut trouver la bonne épouse : ce sont les parents qui la choisissent (il faut quand même le consentement des deux futurs époux), car le mariage ce n'est pas une affaire individuelle, car par le droit le mariage engage le patrimoine, l'honneur de la famille . Aussi voit-on les paysans diversifier leurs revenus, se tourner vers des activités demandant moins de main-d’œuvre comme l’élevage ou permettant d’utiliser à plein leurs animaux, comme le transport, ou bien placer leur argent en rentes constituées. De telles tables furent publiées par Isaac Newton. C’est l’exode rural qui va se prolonger tout au long du XXème siècle. Moins démunis que leurs voisins journaliers, ils ont pu laisser un certain nombre d’inventaires (115) qui montrent qu’ils possèdent en moyenne une vingtaine d’hectares qu’ils valorisent au maximum en cultivant la vigne, l’olivier ou le safran, et quelques céréales (5 ou 6 ha).